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Corrections for Correspondence X: 2836

To JOSÉ DA SILVA CARVALHO

18-26 December 1821 (Aet 73)

Queens Square Place Westminster

18 December 1821

Hier j'ai passé chez Rocha. Il m'a lû quelques passages qui me regardent dans les deux dernieres lettres qu'il avoit reçu de vous: lû, c'est a dire dans son Anglois. Un d'eux portoit que, ne vous croyant pas aussi fort dans le François que vous desiroiz, vous craigniez que je ne donnasse de la publicité plus ou moins à vos lettres: Pour vous tranquilliser je vous ecris dans mon jargon celle-ci, ou je vous assure sur mon honneur, que la presse ne recevra jamais rien de ce que je reçois de vous, a moins d'avoir reçu votre consentement: quant aux miennes, je ne suis pas en place, faites toujours à l' / cet / egard ce qui vous etes agreable, a moins de defense expresse: et avec celà je ne vous ecrirai pas moins a l'abandon: car qu'est-ce que je peux avoir a cacher? Mais, etant ou vous êtes je n'en reconnois pas moins la legitimité de votre crainte. Faire du bien a votre digne et interessante patrie selon la mesure de mes forces, et par là au genre humain, voilà de mon côté le seul but de ma correspondence. Et quel autre pourrois-je avoir? C'est même a cette fin, et a cette fin seulement, que je regarde avec tendresse mon nouveau fils adopté, le Ministre de Justice, dont le caractere convient au mien a tel point mieux que celui d'aucun autre homme public dont il m est arrivé d'avoir connoissance.

Vous m'appellez 'le vieux Bentham.' Ah! que je voudrois vous avoir dans mes bras paternels pour vous faire sentir ce que c'est que de m'appeller vieux! Jeune homme, pauvre jeune homme, vous êtes en place, moi je suis libre, et tout en travaillant comme un forçât, je suis plus gai que vous. je marche plus vite, beaucoup plus vite: et je ne fais que marcher: toute voiture m'est odieuse.

Depuis trois jours ou d'avantage un Diario contenant traduction de ma lettre portant offre de codifier est a Londres. Le dimanche j'ai vû dans le placard du journal The John Bull mon nom en grandes lettres. Ce Journal est de tous les journaux infames le plus infame ayant eté etabli exprès pour repandre la diffamation, tant fausse que vraie, sur les personnes et les familles de tous ceux qui sont connus pour s'opposer au parti ministerial. J'ai constamment vu avec un vrai plaisir le peu qui se dit contre moi dans les journaux et les livres: car, comme celà n'aboute jamais a rien, je regarde tout discours, pareil comme un certificat, un temoignage en ma faveur. A la premiere occasion, j'ai fait l'acquisition de ce numero du John Bull. La sotte matiere en paroit avoir pour but principal votre Cortes et ce n'est que pour faire parvenir une egratignure au corps auguste qu'elle perce de la sorte le petit-corps insignifiant. Riez ou non de toutes pareilles attaques, et ne les punissez jamais.

Je vous envoye l'article: peut etre que vous pouvez conjecturer d'ou celà est sorti: ensemble procès-verbal d'une enquête que j'ai fait faire par le moyen d'un ami. C'etoit pour tacher de voir le Diario en question que je lui ai donné cette peine: mais comme on peut voir elle a été infructueuse. Quant a moi, j'aurois vu avec plaisir l'honneur qu'on me faisoit en me mettant en si bonne compagnie sans la platte traduction ou le tout etoit plattement tourné, et les choses les plus essentielles a contrasens: le tout pour donner fondement au rapport qu'on faisoit. Trop fort tout celà: la traduction, n'est pas partout mauvaise: elle a pu être faite innocemment et employé mechantement.

Depuis quelques jours, par la mort du redacteur originaire John Perry, le redaction du Morning Chronicle est tombée dans les mains de John Black, Ecossois, homme savant et bien intentionné, que je n'ai jamais vu, mais pour lequel je n'en suis pas moins, a ce qu'on m'a dit, l'objet d'une espece de culte. Je lui ai envoyé le John Bull: il a dit a mon envoyé qu'il savoit bien d'ou cette platitude venoit, c'etoit de votre diplomacie a cette Cour: homme qui, servile lui même, doit être comme de raison; en liaison intime avec nos serviles: dans cette hypothese, c'est a sa situation diplomatique que le principal a ete / est peut-etre / redevable de l'avantage d'avoir si tôt reçu des Diarios que Rocha n'avoit pas reçus. 20 Decr.

Dans ma Lettre aux Cortes j'ai annoncé les Raisons, et les Temoignages, comme devant suivre par l'ordinaire prochain: et avec cela meme a present l'envoi n'en est pas fait. La simple verité et qu'en faisant la revision de tout celà, je n'en ai pas été content: j'ai commencé mais pas encore fini d'en refaire (je parle des Raisons) plus que la moitié: la nouveauté, la delicatesse du sujet, mon respect pour l'autorité en question, tout celà etoit a son comble. Notez que par occasion il falloit parler des intérêts sinistres (contraire au bien public et des prejugés (idem) que on pouvoit marquer d'être en activité dans toute situation et occasion pareilles: me voilà a en donner une analyse detaillée. Je m'attendois à la voir composee dans l'espace de deux ou trois pages: j'ai ecris dix fois autant et l'affaire n'est pas encore finie. ll faut donc la renvoyer à un Appendice: et quand l'Appendice est fait, le mieux peut etre qu'on en puisse faire c'est de le supprimer. Les chefs de ce paquet de Raisons se trouvent dans la premiere de mes lettres a Toreno.

Vous ne saurez vous imaginer a quel point le monde liberal d'ici est content de votre Cortes. On vous met en parallele sur chaque point avec vos voisins: et a chaque point l'avantage se trouve de votre côté. Je ne me rappelle pas de quel pais ce que je vais dire est originaire, mais certes dans mon enfance il se trouvoit dans les livres un proverbe - Prenez un Espagnol, depouillez-le de toutes ses bonnes qualités, et le voilà Portugais. Je ne dis pas qu'à present ce sarcasme se trouve a beaucoup près renversé: ce seroit une idée a la fois trop peu vraie et trop triste: mais il n'en est pas moins vrai que jusqu'ici les Espagnols ne font qu'une triste figure a côté de vous. Quant a moi Je tire mon profit de tout celà sans misericorde: je prends une attitude de fierté, et je dis - Bon: ce sont mes eleves: et la demi-demi douzaine qui dans mon hermitage s'amusent a me plaire, disent en chorus - Rien de plus vrai Monseigneur. Soyons justes: dans tous ce qui peut se dire au desavantage des Espagnols, il ne s'agit que des Representans: dans le corps du peuple, je vois avec le plus grand plaisir, qu'un esprit de la meilleur sorte se forme chez eux avec rapidité.

Quant au corps d'elite de ces memes Representans, savoir Messrs. du Comité de Legislation, si je suis capable de fournir quelqu'instruction, vous allez en avoir a leurs depens. Par le canal de Bowring Le Comte de Toreno s'etoit addressé a moi pour avoir mes Observations sur leur Projet de Code Penal. Me voilà en guerre avec Messrs. et je les ai dechiré a belles dents. Fortiter in re, suaviter in modo c'etoit le mot et le tres bon mot de notre Lord Chesterfield pour la controverse. Le caractere de leur ouvrage ne donnoit que trop de point pour le fortiter in re: j'ai taché de mon mieux d'y meler ce qui etoit possible du suaviter in modo: mais, sans trahir la cause du peuple, tout ce que je trouvois possible a cet effet a eté très peu de chose. Les voilà Messrs. qui crioit au pauvre Comte 'Voyez ce que vous avez attiré sur nous': et voilà le Comte qui ferra / faira / fait la même a Bowring, et qui joue le rôle de sourd et muet dans les Cortes toutes les fois que le malheureux Projet se trouve sur le tapis. Jusqu'au 1r Decembre, Dans je ne sais combien de sèances, on n'est pas parvenu au delà du dixieme des 829 Articles. Dans le second de mes sept Lettres j'ai fait l'exposé de leur manege pour s'attirer des louanges et s'epargner des critiques. Eh bien! il y a eu pluie de critiques, et s'il se trouve quelques gouttes de louanges, l'avis ne m'en est pas parvenu. J'avois dit là-dessus, que dans la position ou l'on est des deux côtés, des louanges a l'envie etoient ce que l'on a du espèrer: plus le contraire est arrivé, meilleur est le temoignage qui en resulte en faveur de l'esprit public de vos bons voisins. Le premier de ce mois (Decembre) l'impression de la traduction Espagnole de ces sept Lettres etoit commencé a Madrid. En commençant celle-ci a vous, j'avois dessein de vous envoyer en droiture exemplaire des deux ou trois feuilles qui se trouvent imprimées de l'original Anglois: mais ce qui me revient dans le moment, c'est que l'exemplaire que j'ai envoyé feuille apres feuille a Bowring qui est à Madrid, pourroit bien servir a cet usage, a moins que quelque parcelle perduë de celles parvenuës dans la feuille imprimée ne soient manquées dans le manuscript: ainsi c'est par la voie de Madrid que vous recevrez le present paquet, s'il est destiné a parvenir a son adresse.

C'est dans le plus triste etat que mon premier essai pour vous dans le François est sorti de ma plume, ou pour mieux dire de mes plumes: lisible ou non il falloit l'envoyer tel qu'il etoit, sous peine de perdre la semaine. Bien que Ministre de Justice n'etant ni Duc ni Archevêque, il est possible que vous me pardonnerez: et attendu que je vous ai adopté, je compte même là-dessus: mais mes craintes que cela ne vous ait tourmenté n'en restent pas moins. Que dis-je 'Bien que' j'aurai du rayer ces deux mots: pardonner, c'est ce qui fait partie de votre metier: soit entendu du metier de la place ou vous êtes. sur tout lorsqu'il s'agit d'un pêcheur qui sait faire parler la Reconnoissance en bons deniers comptant: faites moi savoir combien il en faut, et l'alliance entre la Justice et la Misericorde sera consommée. Pour eviter toute equivoque mettons a coté le Gothique pluriel, et prenons le singulier a la Romaine. Veux tu ruiner tout pareil metier? Eh bien! Mets toi a l'ouvrage, je t'aideroi de toutes mes forces. Nous / nous mettrons en société / ferons compagnie: les sacrifices ce sera a toi a les faire: l'honneur, ce sera a moi a le recueillir: chacun aura sa partie: rien de plus egal ni de plus juste. Mais pour parler serieusement: veux-tu pour toi un pouvoir qui ne perira pas? prenez en main tout le pouvoir que tu trouves attaché a ta place, depouille-le de tout ce qui se trouve en contrarieté avec le bien public, tu acquerras par la une masse de reputation, a laquelle tu trouveras attaché pour toi même une masse de pouvoir plus grande que celle dont tu a pensé te defaire: le profit sera pour toi, la perte pour tes successeurs. Sous le nom de Ministre tu sera Roi a la mode de Washington.

Postscriptum 26 Decr 1821. Apres tout, pour plus de sureté je vous envoye par mer le duplicatum present: ensemble quatre feuilles (8 demi-feuilles) d'impression, pages 64, des Lettres a Toreno - La suite donnera pour le tout compris au delà de 100 pages.

Le douceur que par le canal de mon ami j'ai montré envers le John Bull l'a tellement adouci que dans son numero dernier (celui qui suivoit sa premiere incartade) c'etoit celui du 23 Decr 1821 la feuille paroissant tout les dimanches on a reimprimé la Minute du Cortes a mon egard et l'ordre donné a la Regence, quoique sans mention de la lettre du Secretaire a moi. quoique Je lui en avois fait parvenir l'imprimé meme dans mon pamphlet intitulé 'Three Tracts' etc. On s'etoit excusé de ne pas imprimer la lettre denaturée, disant que la difference n'etoit que dans la 'diction'.