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Corrections for Correspondence X: 2694

FROM ÉTIENNE DUMONT

27 September 1820

Geneve 27 Septembre 1820.

Je suis un peu honteux, mon cher maitre, en voyant votre lettre datée du 6 Mai, il est vrai qu'elle fut assez long temps en route, ainsi que le paquet qui me fut remis par Mr Dubré. Ce paquet consistait en Panoptiques quatre exemplaires, plus divers modelles gravés des nouvelles prisons. Mais vous me parlez de trois volumes en Espagnol que je n'ai point reçu. Je suppose que c'est une traduction des Traités. Je puis vous dire, d'après un Napolitain, homme d'esprit que la Tactique a eu un grand succes à Naples, et ce qui en est la preuve, c'est que le libraire a eu beaucoup de demandes et songe à une seconde edition. Celle des traités de Legislation, je veux dire la seconde, a déjà paru depuis deux mois: je ne sais si le debit en est rapide. On entreprend à Geneve un journal intitulé Annales de legislation et de jurisprudence, les deux auteurs sont Mr. Rossi dont je vous ai parlé, et Mr. Meinier, un litterateur allemand fort instruit, qui a traduit dans sa langue, la Tactique et les Sophismes, mais les Sophismes ne sont pas encore publiés. Tous deux sont dans les bons principes. Je vous enverrai sur la fin de l'année un rapport fait dans notre Conseil R. qui doit être placé à la tête de notre nouveau Code de procedure civile ouvrage de Mr. Bellot, vous y verrez en plusieurs endroits vos principes et votre doctrine avec une declaration toute honorable de ce qu'il doit à vos ouvrages et en particulier à vos Mss que je lui avois communiquès. Il n'a pas été à tous égards aussi loin que nous aurions pû le desirer, mais il a été obligé de transiger, avec une Commission d'avocats et il est surprenant, qu'il ait pu obtenir autant de concessions contre la routine et l'interêt. Je n'ai pas vu la partie de la Preface où il parle de vous et de moi, il m'en a refusé la lecture. Il a promis de donner des secours occasionnels aux Redacteurs des Annales etc et si cet ouvrage réussit, il sera un vehicule puissant pour la bonne cause.

Vous ne meritez pas mon cher maître, que je vous parle de notre Code penal, et je ne vous en dirai rien.

J'ai repris cet été, tous les materiaux sur les Preuves. Je vais m'en occuper serieusement. Il y a beaucoup à faire pour le mettre à peu près au niveau des trois ouvrages que j'ai déjà publiés. J'aurais un grand nombre de questions que je ne vous addresserai pas je sais que je n'aurais aucune réponse, mais je les ferai parvenir à notre ami Mill qui, au milieu de ses travaux, saura trouver le temps de me repondre. La table des matieres est déjà toute arrangée, je veux dire l'ordre des livres et des chapitres. Mr Rosti qui a pris un connaissance generale de l'ouvrage le regarde comme très important, et se prépare à lui faire une reputation d'avance dans ses Annales - mais tout cela depend du succes même de la trompette et j'ai quelque doute sur une publication periodique faite en Français par deux etrangers.

Je croyais avoir ici votre pamphlete upon oaths je ne l'ai pas trouvé. S'il se presente à vous quelque occasion de me l'envoyer, je vous prie de ne pas la negliger.

J'aurais voulu publier en même temps que les Preuves, l'organisation judiciaire et la Procedure mais je me bornerai je crois dans un discours preliminaire à enoncer les principales idées sur ces deux sujets. Au reste, je n'ai point encore pris de parti.

Malheureusement mon travail sur les Preuves sera interrompu au mois de Decembre par l'ouverture de notre Conseil et par la reprise de la Commission du Code Penal. Je me propose toutefois de lui donner tous mes moments de loisir et je présume que je pourrai le faire paraitre vets la fin de 1821, ou dans le courant de l'année suivante.

II y aura une souscription ouverte à Londres pour les Annales de legislation et de jurisprudence. Vous verrez dès le premier No. dans quel esprit elles sont faites, et si vous aviez quelques Conseils à donner aux Redacteurs, ils serraient très bien reçus.

J'ai acheté une petite maison de campagne, aux portes de la ville, où j'irai philosopher l'année prochaine, je voudrai bien que mes amis Mill et Koe vinssent s'y reunir à moi et me donner le plus de temps possible.

Ma bonne ame mon cher Philosophe, n'a pu conserver aucun rancume envers vous, je vous aime toujours et quand vous me donnerez une marque de souvenir, elle ira toujours au cœur de votre viel ami. Adieu. Tout à vous.

à Monsieur Jeremie Bentham.